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l’exécution ! » Il essaya de dormir le plus possible. Il y réussit tout d’abord ; puis, l’insomnie survint, accompagnée de pensées obsédantes et avec celles-ci, le regret de la Vie.

« Ai-je donc peur d’elle ? se demandait-il en pensant à la mort. C’est la vie que je regrette. C’est une chose admirable, quoi qu’en disent les pessimistes. Que dirait un pessimiste si on le pendait ? Ah ! je regrette la vie, je la regrette beaucoup ! »

Quand il comprit clairement, qu’il n’avait plus devant lui que quelques heures d’attente dans le vide, puis la mort, il eut une impression bizarre. Il lui sembla qu’on l’avait mis à nu d’une manière extraordinaire. Non seulement on lui avait enlevé ses habits, mais aussi le soleil, l’air, le bruit et la lumière, la parole et la faculté d’agir. La mort n’était pas encore là et la vie semblait déjà absente ; il éprouvait une sensation étrange, incompréhensible parfois et parfois intelligible, mais très subtile et mystérieuse.

« Fi ! s’étonnait Serge, torturé. Qu’est-ce