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choses utiles. S’il est beau et bon de cultiver la terre, de forger le fer, de construire les ponts et les bâtiments, etc., c’est un bon et beau travail aussi que d’élever les hommes, les instruire, étendre leur esprit, moraliser leurs sentiments, agrandir leur action, en mettant à leur service les forces de la nature. — Enfin, tout ce qui rend la vie sociale mieux ordonnée, plus saine et plus douce, plus juste et plus haute.

— Eh bien, le croiriez-vous ? Au temps où il n’y avait d'Enfants de France que ceux du roi, l’oisiveté seule était honorée ! Et ceux-là mêmes qui aimaient tant la richesse, qui ne pouvaient s’en passer et se faisaient gloire de la posséder, méprisaient ce qui est la source unique de la richesse le travail !…

Au roi, à la famille royale, aux princes, ducs et gentilshommes, à toute la cour, il fallait de magnifiques châteaux, de beaux habits, chamarrés d’or et de pierres précieuses, des tables somptueuses, couvertes de mets abondants et délicats ; des chevaux, des chiens, des carrosses, des chasses, des fêtes et spectacles, l’or roulant sur les tables de jeu… le pouvoir enfin de satisfaire tous leurs goûts et leurs fantaisies, sans autre peine que de désirer.

Comment donc faisaient-ils, ces grands seigneurs oisifs ? Eux dont les doigts menus et les