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d’affidés, d’employés et de serviteurs. Il a ses parents et ses amis, qui tous, naturellement, ont part des premiers à ses faveurs. En outre, tous les ambitieux, tous les avides, tendront par affinité de nature à faire partie du groupe où se dispensent les honneurs, le pouvoir et la richesse. Dès lors, voilà deux classes bien déterminées celle qui commande et celle qui obéit ; l’une qui travaille sans relâche, et ne dispose de rien, ni d’elle-même ; l’autre qui jouit de tout sans avoir jamais assez, dont les prétentions s’exaltent outre mesure, et qui se croyant d’une race supérieure à celle du peuple, exige de lui jusqu’à l’impossible.

— Le peuple est le plus nombreux. Il n’a qu’à les renvoyer.

— Il ne le peut plus ! Ou, pour parler plus exactement, il ne l’a jamais pu ; car la royauté est le produit de l’ignorance populaire. Ne faut-il pas être bien dépourvu de connaissances, de savoir-faire, de confiance en soi, pour donner à un autre le droit de disposer de soi-même ?

— Je crois bien ! Il faut être fou !

— Non. Seulement ignorant. L’homme qui ne sait rien est une sorte de sauvage, rude et brutal au dehors, mais au fond, en lui-même, un faible enfant, inquiet et craintif. Sans doute, il eût suffi de se réunir tous dans le refus