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On n’en envoya que quatre, à la sollicitation de la gouvernante, Mme de Tallard. Fontevrault est loin de Paris, et les voyages de Leurs Majestés, avec leur maison, coûtaient de telles sommes, qu’Elles voyageaient rarement. Deux ou trois ans après, Madame sixième mourut sans que sa mère l’eût revue. Elles ne se connaissaient pas !

Ces pauvres princesses furent si bien élevées par les religieuses, que l’une d’elles garda toute sa vie des crises nerveuses, par suite des frayeurs qu’elle avait eues d’avoir été mise en pénitence dans les caveaux funéraires de l’abbaye. On leur apprit à danser ; mais lorsqu’elles revinrent à Versailles, la plus jeune, à douze ans, ne savait pas lire ; les autres ne pouvaient écrire en français.

« Louis XV, dit Mme Campan, descendait tous les matins, par un escalier dérobé, dans l’appartement de Madame Adélaïde. Souvent, il y apportait et y prenait du café, qu’il avait fait lui-même. (C’était l’époque où les rois, trouvant l’étiquette insupportable, commençaient de s’en affranchir.) Madame Adélaïde tirait un cordon de sonnette, qui avertissait Madame Victoire de la visite du roi. Madame Victoire, en se levant pour aller chez sa sœur, sonnait Madame Sophie, qui à son tour sonnait Madame Louise. Les appartements des princesses étaient