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font valoir. Ils ont droit d’accompagner leurs élèves chez le roi et chez la reine, et ne souffrent point qu’on les écarte.

Les enfants du roi ne voient leur père qu’entouré de ses familiers, la reine de ses dames. D’ailleurs, ces parents et ces enfants ont en général peu à se dire. Ils ne se voient que par échappées, se connaissent à peine. Ce n’est point la reine qui a nourri ses enfants, qui s’est efforcée d’apaiser leurs cris par ses caresses. D’autres les ont soignés dans leurs maladies, les ont consolés dans leurs chagrins. Quand le poupon réclamait sa nourriture, c’était une étrangère qui lui présentait le sein en l’appelant :

— Monseigneur !…

La plupart de ces petits, ne pouvant renoncer au doux langage qui parfume et caresse la lèvre enfantine, disent maman à leur gouvernante, n’ayant d’autre mère à côté d’eux. Ainsi fit Louis XV jusqu’à la mort de Mme de Ventadour. Cependant, cet élève affectueux fut beaucoup moins tendre père.

« Louis XV voyait très peu sa famille », nous dit un témoin oculaire, Mme Campan, alors lectrice de Mesdames, filles vieillies de Louis XV, dont la plus âgée, madame Adélaïde, avait à cette époque, en 1767, trente-cinq ans, la plus jeune trente-deux. Nées de la reine Marie