Page:André Léo - Les Enfants de France, 1890.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maison différente, la reine a sa maison, qui n’est pas celle de ses enfants ; et le roi non plus n’habite pas avec ses enfants ni avec sa femme. Ils vont en visite les uns chez les autres à certaines heures, et se font annoncer comme des étrangers dans un salon. Voici Monseigneur le Dauphin qui passe chez la reine, accompagné de son gouverneur. Il s’incline devant elle, lui baise la main…

— Il ne se jette pas au cou de sa mère !…

— L’étiquette ne le permet pas.

— Et pourquoi ?

— Probablement, parce que les rois, étant investis d’un pouvoir hors nature, doivent se montrer hommes le moins possible. Car on pourrait se demander : — Mais pourquoi donc ces gens, tout pareils à nous, sont-ils plus que nous ?

— Et que peuvent-ils être de plus qu’être hommes ?

— Ceci est le vrai. Les rois sont dans la fiction. Ils y sont jusqu’à se prétendre pères de leurs sujets. Nous verrons comment cette paternité s’exerce. Mais, dans l’esprit de l’institution, les petits de race royale ne sauraient être élevés comme ceux du commun. Ils n’ont point de mère, mais une gouvernante ; et, plus tard, les garçons, un gouverneur, Ces personnes, qui ont leurs prérogatives et honneurs, les