Page:André Léo - Les Enfants de France, 1890.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un tiers : M. le duc de Châtillon, son gouverneur, il reste gêné, embarrassé ; et l’échange, si désirable entre l’instituteur et l’élève, n’a pas lieu. M. de Mirepoix s’en ouvre à M. de Châtillon. Mais celui-ci, qui tient aux droits de sa charge, persiste à rester présent.[1]

Les Enfants de France devaient avant tout connaître le blason (c’est-à-dire la langue des signes hiérogyphiques employés pour affirmer les prétentions des familles nobles et les distinguer les unes des autres). Ils devaient apprendre la généalogie de toutes les grandes maisons, non seulement de France, mais d’Europe, afin de pouvoir traiter chacun selon son mérite — c'est-à-dire selon son ancienneté. L’histoire des guerres et conquêtes royales n’était pas moins nécessaire ; et, s’il se pouvait encore, un peu de géographie politique. La danse, l’escrime, venaient ensuite ; car les personnes souveraines doivent s’imposer aux regards publics par l’élégance et la dignité de leur attitude. Ces connaissances indispensables acquises, auxquelles se joignaient pour les garçons l’étude de la science militaire, les Enfants de France pou- vaient laisser aux clercs et bourgeois, voire à certains originaux de qualité, l’étude des lettres, des arts et des sciences. Il suffisait

  1. Mémoires du duc de Luynes.