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À lire les historiographes qui tiennent compte gravement, jour par jour, de tout ce qui se passe à la cour, il semble que la loi principale et suprême pour tout le monde soit l’observance étroite — fanatique — de l’étiquette ; et que le souci des préséances, la garde jalouse des privilèges, la science des petits usages, la pantomime exacte des façons et démarches convenues, sacrées, consacrées, soit l’unique objet de cette agglomération de gens titrés, nobles ou anoblis, qui représentent à leurs propres yeux, comme aux yeux du monde entier, toute la France, autour de cet homme, le roi, qui lui-même déclare être l’État.

« Sa Majesté est allée ce matin à la chapelle. Elle était suivie du prince d’A….. Tels et tels venaient ensuite. M. d’E….. portait le coussin, M. de F….. le livre. Tel s’est placé à gauche, tel à droite. On a fort remarqué que le carreau de Monseigneur le Dauphin aurait dû être plus avant sur le drap de pied — scandale à propos de Mme de M….. qui s’est permis d’approcher son coussin du drap de pied, jusqu’à en toucher la frange !… Grave conflit entre les ducs et les princes du sang, qui n’entendent point partager leurs privilèges… Querelle entre Mademoiselle et la princesse de Condé pour la place à l’église… Intrigues pour l’obtention d’un ta- bouret au cercle de la reine…, etc., etc. »