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attitude souveraine, dressée de sa petite taille au milieu des dames qui la dépassent en hauteur, mais qu’elle domine du regard. Toutes deux sont vêtues d’une belle étoffe de soie brochée, ornée de dentelles, et des diamants brillent au nœud de leur coiffe et à leur cou nu. Monseigneur et Mesdames rentrent au château, le frère dans ses appartements, les sœurs dans le leur, et suivi chacun des gens de sa maison. On leur sert à dîner…

— Ensemble ?

— Les sœurs, oui ; mais le garçon est tout seul à table, et M. le duc, son gouverneur, s’agenouille sur un tabouret pour lui présenter sa serviette et ses aliments [1]

— Est-il possible ?

— Pendant qu’il mange seul, ses gouverneurs près de lui, les officiers de sa bouche, à l’autre bout de la table, font l’essai des vins et des mets, de peur qu’ils ne soient empoisonnés.

— Empoisonnés ! Quelle affreuse idée ! Et comment peut-il manger avec appétit ?

— Pendant ce temps, ceux qui ont les entrées, privilège de rang à la Cour, se présentent.

  1. «On prétendit que M. de Beauvillers ne servait point assis M. le duc de Bourgogne, mais à genoux sur un tabouret. M. le duc de Châtillon, gouverneur du Dauphin, fils de Louis XV, obtint de rester assis.» (Mémoires du duc de Luynes.)