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responsable vis-à-vis d’elle. Car ce qu’on te donne aujourd’hui pour ton propre bien, doit aussi concourir au bien commun.

Qu’une société de gens instruits et honnêtes soit préférable à une bande de vauriens ignares, tu n’en doutes point, n’est-ce pas ? — Or, prends-les un à un, ce sera la même chose : un seul vaurien, sur dix hommes de bien, mettra grosse part de trouble et de malaise ; un imbécile diminuera d’un dixième la somme d’avantages et d’agréments qu’on y aurait eus. Chacun de nous, évidemment, est intéressé à se trouver en bonne compagnie ; et ce que tu demandes aux autres, tu dois comprendre à merveille que les autres également l’attendent de toi.

Ne serais-tu pas triste et honteux si, après avoir reçu en don gratuit ce que l’humanité possède de moralité, d’expérience et de science, acquises à grand prix, on pouvait dire de toi :

— Celui-ci a reçu autant que les autres ; mais il n’en a pas profité !

Enfin, toi et tes compagnons devenus grands, vous serez à votre tour les représentants de la patrie ; et ce que les hommes d’aujourd’hui vous ont donné, votre tâche — votre devoir sacré, absolu, — sera de le rendre, augmenté, à d’autres petits.

En vous prodiguant les trésors et les connaissances dont elle dispose, la patrie vous dit :