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644. — Statues des douze Apôtres, tenant leurs attributs et debouts sur des socles ou piédestaux tournés.

Ces statuettes, qui faisaient probablement partie de quelque retable d’autel, dont elles ont été détachées, sont certainement l’œuvre d’un artiste italien du xvie ou XVIIe siècle. Comme elles ne portaient pas de numéros, il est assez difficile de rétablir l’ordre dans lequel on les avait placées. Les évangélistes et les liturgies ne s’accordent pas à assigner aux Apôtres un rang invariable, et les monuments d’iconographie chrétienne ne nous les montrent pas non plus disposés de la même manière (Voyez le paradigme des Apôtres dressé par les PP. Martin d’Auray et Cahier, dans leur Monogr. des vitr. de la cath. de Bourges, 1844, gr. in-fo, p. 299 le Mém. sur les Apôtres du grand portail de la cath. d’Amiens, par MM. Jourdain et Duval, dans le Bull. mon. de M. de Caumont, t. XI, 1845, p. 279, et l’Iconogr. chrét. de l’abbé Crosnier, dans le même recueil, t. XIV, 1848, p. 213). Cependant saint Pierre a la primauté dans toutes les listes saint Paul vient ordinairement ensuite. On a remarqué toutefois que, sur les bulles des Papes, saint Paul occupe la droite et saint Pierre la gauche (voy. sllprà, n° 532) ; mais on a cité plus haut les traités de diplomatique des Bénédictins, qui en contiennent les explications. (Voy. au surplus Jourdain et Duval, ibid., p. 280, et l’abbé Crosnier, ibid., p. 216.) On sait qu’après la mort de J.-C., les Apôtres, réunis afin de remplacer le traître Judas Iscariote, ont élu saint Mathias pour se compléter (Act. Apost., I, 26). Mais en sus de leur nombre de douze est venu s’adjoindre, par la vocation divine, saint Paul, l’Apôtre des Gentils (1 Thim., II,1 2 Thim., I,11). Relativement aux incertitudes qu’on peut éprouver pour la formation de la liste apostolique, les PP. Martin et Cahier font observer que l’Église, qui suit pour sa liturgie une série constante quand elle nomme les Apôtres, n’oblige personne à l’employer exclusivement.

Quant au costume des Apôtres, il n’est pas abandonné à la volonté des artistes, et des raisons puisées tant dans les Écritures que dans les Pères, par la Symbolique chrétienne, les ont guidés au moyen âge. J.-C. avait dit à ses Apôtres : Gardez-vous de posséder ni or, ni argent, ni monnaie dans vos ceintures, ni besace en chemin, ni deux tuniques, ni chaussures (Math., X, 9, 10) ; ainsi, on ne leur donne partout qu’une seule tunique, neque duas tunicas, serrée aux reins par une ceinture (Luc, XII, 35), symbole de renoncement aux plaisirs sensuels ; mais cette pauvreté et ces privations sont relevées par le manteau de gloire, et le pallium deviendra leur insigne obligé ; on ne les représentera jamais qu’ils n’en soient revêtus (De pallio et colobio simpliciter verum est ; hic enim habitus fuit apostolorum. Tertull., lib. De pallio). Si les Prophètes de l’ancienne alliance sont représentés chaussés, c’est parce qu’ils n’ont agi que dans les limites de la Judée ; au contraire, les Apôtres sont figurés pieds nus, parce qu’ils ont eu pour mission de parcourir l’univers, usque ad ultimum terræ (Act. apost., I, 8), et que ce sont ces labeurs et ces fatigues qui font leur beauté, par application de ces paroles d’Isaïe et