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singulièrement fidèle à elle-même. Elle est transformiste et platonicienne : c’est la pensée de l’éducation [1]. Il parachèvera cette pensée toute sa vie. Mais c’est elle surtout qui, dans sa première philosophie, reste une tâtonnante ébauche. Nietzsche n’arrive pas à finir ses conférences sur l’Avenir de nos établissements d’instruction. Il en tirera quelques arguments pour étayer Schopenhauer als Erzieher ; les négations et les considérations de principe où il s’en tient, attestent qu’il a le sentiment d’une besogne lourde.


I. — L’ancienne et la nouvelle école.


I. Critique de l’enseignement actuel. — En tête de ses négations, il y a cette idée que rien n’est encore fait. L’enseignement d’aujourd’hui, secondaire ou supérieur, manque à sa tâche de culture [2]. L’État se faisant « mystagogue de la civilisation intellectuelle » assume un rôle étrange [3]. N’est-il pas manifeste qu’il songe à faire de bons fonctionnaires, et non pas à former des hommes libres et cultivés ? En quatre coups de boutoir, Nietzsche exécute le régime des gymnases allemands. Il les assène avec beaucoup de calme. Il sait qu’il ne faut pas trop attendre d’un enseignement qui s’adresse à de très jeunes gens. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les exigences de leurs maîtres fourmillent de contradictions. Que veulent-ils ? À la fois une « culture classique », une « culture formelle », une « culture scientifique ». Il faudrait choisir [4]. La science et la culture sont deux régions diffé-

  1. Wir Philologen, § 255. (W., X, 402) : « Es wird irgend wann einmal gar keinen andern Gedanken geben als Erziehung. »
  2. Zukunft unserer Bildungsanstalten, IV. (W., IX, 379.)
  3. Ibid., II. (W., IX, 368.)
  4. Ibid., II. (W., IX, 340.)