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CHAPITRE V

LES INSTITUTS DE LA CULTURE NOUVELLE
DE L’ESPRIT



À mesure, que Nietzsche approche de l’année 1876, une crise de formation s’accuse en lui. On a cru son système changé. Sa pensée systématique est d’une merveilleuse continuité. Nietzsche n’a pas cessé de penser que toute humanité est en son fond dionysisme et apollinisme, et que l’œuvre de la civilisation consiste à discipliner cet antagonisme intérieur. Mais il a varié sur la valeur des deux instincts en lutte. La conscience est soutenue et portée par une inconsciente poussée, d’où lui vient la vigueur et la vie. Comment discipliner les forces désordonnées, qui se heurtent en nous ? Aucune psychologie et aucune morale ne peut éviter ce problème de l’unification intérieure.

Nietzsche a attribué d’abord cette vertu ordonnatrice à la faculté des images ; et c’est par des images rayonnantes qu’il croyait possible d’apaiser le tumulte intérieur des passions et des obscurs vouloirs. Plus tard, c’est l’intelligence qui lui a paru la fleur la plus haute de la vigueur vitale. Les traits généraux du système ne changent pas, mais ils sont plus ou moins accusés à des époques différentes. De là une incertitude dans les conclusions prar tiques où Nietzsche veut en venir.

La pensée pratique demeure, elle aussi, chez Nietzsche