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dieu surgit dans le lointain sous les traits d’un Dieu oriental, comme le Iahvé de Débora qui fait trembler la terre et ruisseler les cieux, ou celui qui enlève le prophète Élie dans un tourbillon de flamme. Nietzsche ne connaîtra jamais d’autres inspirations que la grande secousse nerveuse, où les mystiques ont toujours vu la descente torrentielle du feu céleste. Ainsi un jour son Zarathoustra dialoguera avec la foudre parce que, comme elle, sa pensée marche et gronde dans les nuées.

Nietzsche ne devinait pas alors l’effort douloureux qu’il lui en coûterait de découvrir ce Dieu et de le dénommer. Une forte confiance dans le destin toutefois le soutenait. Une jovialité native le ressaisissait, après les moments de dépression. Parmi les étudiants qu’emportèrent de Pforta, le 7 septembre 1864, les voitures parées de feuillages et conduites par des postillons enrubannés, Nietzsche fut un des plus insouciants.