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comment n’auraient-ils pas trouvé des principes communs ?

Un problème d’origine se traite selon la méthode historique pure. Le mérite de Christian Baur était d’avoir reculé les limites de cette recherche. Chacun des Évangiles et des écrits apostoliques apparaissait comme destiné à justifier la croyance ou les préventions d’un groupe précis, judéo-chrétien ou hellénique. Mais ne dissolvait-on pas ainsi toute croyance ? Un problème de valeur survenait ici. Overbeck en 1870 n’était pas encore en mesure de le résoudre. Il sera prêt quatre ans après. Pour prononcer qu’il y a décadence de la religion et qu’il y a lieu de la faire renaître, ou qu’elle est périmée pour toujours, il ne suffît pas de comprendre, il faut apprécier. Il faut recueillir vivante la pensée des grands fondateurs ou recréer inventivement la vie religieuse. Grave difficulté. Il apparaissait par elle que la science a ses limites. Nietzsche put éclaircir les idées de son ami. Peut-être une théologie est-elle encore possible, si elle n’est pas science pure et pure histoire. Mais de la critique savante on ne peut rejeter aucun résultat. Le protestantisme, s’il veut rester vivant, devra rester l’allié de la science la plus audacieuse, comme au temps de Luther, bien que la critique luthérienne soit surannée. C’est par le scepticisme outrancier que Franz Overbeck compte atteindre et sauver la vie vraie. Le temps était proche où, par cette pensée, Overbeck allait contribuer à pousser Nietzsche dans des voies nouvelles. Leur amitié alors devint un pacte public d’offensive, comme elle fut un fidèle abri défensif pour Nietzsche durant les luttes où il s’engageait pour la cause wagnérienne.