et que leur sobre clarté avait été le résultat d’un effort prolongé de volonté qui cessa naturellement, quand cessa la foi des Grecs en eux-mêmes.
Car la victoire du christianisme signifie, le retour à des états d’esprit préhelléniques. La croyance en une magie omniprésente dans l’univers, une angoisse superstitieuse, une torpeur extatique et hallucinatoire pèsent sur les âmes. Loin d’avoir triomphé du monde antique, le christianisme est lui-même un morceau d’une antiquité primitive, souillée et retombée à des origines basses ; et en cessant d’être chrétiens, c’est d’une notable, mais assez méprisable portion d’esprit antique que nous nous débarrassons. Toute la Grèce avait cru à la distinction de l’âme et du corps, à la réalité du miracle, à la position centrale d’une terre qui serait sous la tutelle directe de la divinité[1]. De cette conception, les Grecs avaient su tirer pendant un temps de beaux symboles d’art, mais à ces croyances grossières ils avaient opposé dans la science des conceptions rationnelles et probes, d’où dérivent encore les idées de la science d’aujourd’hui. Ce sont les conceptions grossières qui reprirent le dessus, quand l’intelligence des Hellènes fléchit par la défaite et par la contamination de leur sang.
C’en fut fait même de l’art quand vint cette décrépitude de l’esprit. Pour Nietzsche, jusqu’au bout, la faculté artiste est le don de créer le type supérieur ; et avant tout, pour lui, la beauté est coordination exacte. Il reproduit ainsi l’enseignement de Burckhardt. Il y a décadence quand prédominent les matériaux, le luxe des couleurs et des pierres ; quand il y a surcharge de détails ; quand le fourmillement des figures détruit l’unité des ensembles ou que l’œuvre d’art n’est que l’enveloppe et le symbole
- ↑ Wir Philologen. {W., X, pp. 392, 406, 407.)