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ce mets incomparable. Une jeune souris, d’un esprit très-malicieux, regretta de ne pas le voir placé à la tête des bureaux de bienfaisance. Le roi se leva à son tour : il promit que celle qui retrouverait la soupe en question monterait sur le trône, et qu’il la prendrait pour compagne. Il ajouta qu’un délai d’un an et un jour était accordé à toutes pour résoudre ce problème.

— Bien, bien, dit la jeune souris ; et comment s’y prend-on pour fabriquer cette soupe à la brochette ?

— Comment on s’y prend ? répliqua Sa Majesté ; c’est ce que toutes ne manqueront pas de se demander, jeunes et vieilles, grandes et petites. Toutes voudraient bien monter sur le trône ; mais fort peu se sentiront le courage de s’en aller courir le monde, de s’exposer à mille fatigues, en travaillant sans relâche pour acquérir les connaissances qui conduiraient à la découverte du secret merveilleux. On ne se résigne pas facilement à quitter sa famille et ses habitudes. Loin de sa patrie, trotte-t-on souvent sur des croûtes de fromage, respire-t-on à souhait les agréables parfums du lard ? Au lieu de cela, que de dangers ! Comment y échapper ? Qui sait si l’on ne mourra pas de faim ; si l’on ne sera pas dévoré par quelque chat trop bien appris ?

Ces réflexions ironiques avaient refroidi les plus courageuses, et, en dépit du prix offert, on ne s’empressa point à tenter l’aventure. Cependant quatre petites souris pauvres, mais fort gentilles, se déclarèrent prêtes à se mettre en route, et s’y mirent en effet. Chacune d’elles emportait une des brochettes, qui devait lui