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— Bon Dieu, comme j’ai dormi, s’écria-t-il ; et quel abominable cauchemar !


VI

Ce que les galoches firent de mieux.

Le lendemain de bonne heure, comme l’employé était encore dans son lit, son voisin, un jeune licencié, entra dans sa chambre,

— Prête-moi tes galoches, dit-il ; je voudrais descendre au jardin fumer une pipe ; il fait un temps superbe, mais les allées sont toutes mouillées.

Un pommier, un prunier, une douzaine de rosiers et un tapis de gazon ; voilà en quoi consistait le jardin en question ; mais, dans une grande ville, on le trouvait encore fort beau.

Le jeune homme s’y promenait en tournant sur lui-même, rêvassant et projetant en l’air de grosses bouffées de fumée. Le cor d’un postillon retentit dans la rue.

— Ah ! s’écria le licencié, il n’y a pas de plus grand bonheur au monde que de voyager. Ce serait le seul remède contre ce vide profond que je sens dans mon cœur ; mais je voudrais m’en aller bien loin… Je voyagerais d’abord en Suisse, puis en Italie, ensuite en…

Heureusement les galoches avaient déjà produit leur effet accoutumé : sans cela Dieu sait où il serait allé.