Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Heureusement que c’est un rêve, se dit l’employé, sans cela je serais bien inquiet. J’étais poète, à présent me voici alouette ; c’est sans doute la nature poétique qui a opéré en moi cette transformation. Misérable sort en définitive que celui d’un oiseau, surtout lorsqu’on tombe entre les mains des enfants. Nous verrons comment tout cela finira.

Les deux collégiens entrèrent avec leur acquisition dans un beau salon, où ils furent reçus par une grosse dame des plus souriantes. Pourtant elle fit une grimace à la vue d’un oiseau si vulgaire. Il n’aurait été bon, suivant elle, qu’à abandonner au chat. Mais, sur les instances des enfants, elle leur permit de le loger dans une cage vide qui se trouvait suspendue à la fenêtre. L’alouette eut pour voisins, d’un côté, un brillant perroquet, à la mine bouffie et hautaine, logé dans une spacieuse cage dorée, et, de l’autre côté, un charmant petit serin, qui lui souhaita la bienvenue par une série de trilles et de roulades gracieuses.

— Criard ! veux-tu te taire ? dit la dame, en lui jetant son mouchoir de batiste.

— Pip ! pip ! fit le serin ; voilà la neige qui s’est abattue sur ma cage.

Quant au perroquet, il regarda avec dédain le nouveau venu.

— Soyons des hommes ! s’écria-t-il.

C’était la seule phrase qu’il sût prononcer d’une façon passable.

L’alouette comprenait parfaitement le langage de son camarade le serin.

— Je volais sous les arcades des palmiers et dans les