Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mains, et je lui ai dit : « Relève-toi ! je te le commande au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! »

— Bon ! s’écria le Normand ; ce n’est pas si difficile, j’en ferai bien autant.

Et il courut au village, à l’entrée duquel il rencontra le convoi funèbre.

— Arrêtez! arrêtez ! cria-t-il : je vais ressusciter votre mort.

Les villageois le regardèrent d’un air ébahi et incrédule.

— Je vous affirme que je le ressusciterai, reprit le paysan. Si j’y manque, je vous permets de me pendre, sans autre forme de procès.

Les bons villageois, convaincus par une telle assurance, lui promirent cent écus de récompense s’il réussissait.

Le Normand fit alors ouvrir le cercueil, et, se croisant les bras, il prononça d’une voix solennelle ces paroles : « Lève-toi, au nom de la sainte Trinité ! »

Mais le mort ne bougea pas. Le paysan répéta les mêmes paroles une deuxième et une troisième fois, et, voyant qu’elles restaient sans effet, il finit par s’écrier, tout rouge de colère : « Eh bien ! reste où tu es, au nom du diable ! »

Lorsque les assistants entendirent ces mots impies, ils se crurent joués par un mauvais drôle, et, se jetant sur le paysan, ils le traînèrent à la potence. On apporta une échelle, et le malencontreux faiseur de miracles fut obligé d’y monter.

Le saint apôtre, qui savait parfaitement ce qui devait arriver à son compagnon de voyage, survint juste au