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col, avec la majestueuse impétuosité d’une locomotive qui entraîne des wagons sur le chemin de fer.

Le faux-col était un peu effrangé sur ses bords, une paire de ciseaux se présenta pour l’émonder.

— Oh ! lui dit le faux-col, vous devez être une première danseuse ; quelle merveilleuse agilité vous avez dans les jambes ! jamais je n’ai rien vu de plus charmant ; aucun homme ne saurait faire ce que vous faites.

— Bien certainement, répondit la paire de ciseaux en continuant son opération.

— Vous mériteriez d’être comtesse ; tout ce que je possède, je vous l’offre en vrai gentleman (c’est-à-dire moi, mon tire-bottes et ma brosse à cheveux).

— Quelle insolence ! s’écria la paire de ciseaux ; quelle fatuité !

Et elle fit une entaille si profonde au faux-col, qu’elle le mit hors de service.

Il faut maintenant, pensa-t-il, que je m’adresse à la brosse à cheveux.

— Vous avez, mademoiselle, la plus magnifique chevelure ; ne pensez-vous pas qu’il serait à propos de vous marier ?

— Je suis fiancée au tire-bottes, répondit-elle.

— Fiancée ! s’écria le faux-col. — Il regarda autour de lui, et ne voyant plus d’autre objet à qui adresser ses hommages, il prit, dès ce moment, le mariage en haine.

Quelque temps après, il fut mis dans le sac d’un chiffonnier, et porté chez le fabricant de papier. Là, se trouvait une grande réunion de chiffons, les fins d’un côté, et les plus communs de l’autre. Tous ils avaient beau-