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— Je vous prie, monsieur, de ne plus me parler, je ne pense pas vous en avoir donné le prétexte en aucune façon.

— Ah ! mademoiselle, avec une aussi jolie personne que vous, les prétextes ne manquent jamais. On n’a pas besoin de se battre les flancs : on est tout de suite inspiré, entraîné.

— Veuillez vous éloigner, monsieur, je vous prie, et cesser vos importunités.

— Mademoiselle, je suis un gentleman, dit fièrement le faux-col ; je possède un tire-bottes et une brosse à cheveux.

Il mentait impudemment : car c’était à son maître que ces objets appartenaient ; mais il savait qu’il est toujours bon de se vanter.

— Encore une fois, éloignez-vous, répéta la jarretière, je ne suis pas habituée à de pareilles manières.

— Eh bien ! vous n’êtes qu’une prude ! lui dit le faux-col qui voulut avoir le dernier mot.

Bientôt après on les tira l’un et l’autre de la lessive, puis ils furent empesés, étalés au soleil pour sécher, et enfin placés sur la planche de la repasseuse.

La patine à repasser arriva[1].

— Madame, lui dit le faux-col, vous m’avez positivement ranimé : je sens en moi une chaleur extraordinaire, toutes mes rides ont disparu. Daignez, de grâce, en m’acceptant pour époux, me permettre de vous consacrer cette nouvelle jeunesse que je vous dois.

— Imbécile ! dit la machine en passant sur le faux--

  1. Le mot qui désigne le fer à repasser en danois est féminin.