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GRANDEUR ET MISÈRE


C’était au mois de mai : le vent soufflait encore froid et pénétrant. Cependant les plantes, les arbres, les champs et les prairies semblaient dire : « Nous sommes au printemps. » Les fleurs commençaient à se montrer en abondance ; déjà les haies en étaient tout émaillées. Au-dessus des buissons d’aubépine, un petit pommier étendait une branche fraîche et parsemée de boutons vermeils et délicats, à la veille de s’épanouir. Cette branche connaissait sa beauté. Elle était coquette de sa nature. Aussi ne s’étonna-t-elle pas de voir une superbe voiture s’arrêter devant elle sur la route, et d’entendre madame la comtesse s’écrier :

— On ne peut rien voir de plus charmant que cette branche ; c’est le printemps lui-même dans sa plus gracieuse manifestation.

Et la grande dame descendit pour cueillir elle-même la branche. Elle la mit à l’abri sous son ombrelle de soie ; puis elle remonta dans sa voiture et se fit reconduire à son château. Il y avait dans ce château de ma-