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pense qu’il n’en existe pas de plus pure. Sa corolle était pâle comme celle de la rose thé. Je l’ai vue se nuançant sur les joues de la reine, lorsque, sans souci de sa dignité royale, elle portait sur ses bras, pendant de longues nuits sans sommeil, son fils malade, en l’embrassant, le baignant de ses larmes, et priant Dieu pour lui, comme une mère seule sait prier.

— La pâle rose de l’affliction maternelle est touchante et sacrée ; mais ce n’est pas encore celle que nous cherchons.

Alors vint un évêque, pieux vieillard courbé par l’âge et par les fatigues de son ministère :

— La plus belle rose, dit-il, je l’ai vue qui brillait comme une céleste apparition. C’était lorsque les jeunes filles venaient s’agenouiller à la table du Seigneur pour y recevoir le pain de la vie. Leurs joues, à toutes, semblaient, en effet, des roses pales ou vermeilles ; mais, parmi elles, il y en avait une surtout qui, en élevant son regard vers Dieu, s’anima d’une splendeur surhumaine. C’était bien là assurément la rose de l’amour sublime et sans mélange.

— Que cette rose virginale soit bénie, dit le sage ; mais jusqu’à présent personne n’a encore trouvé le dictame miraculeux.

En ce moment, un petit garçon, le fils de la reine, entrait dans la chambre ; il portait tout ouvert entre ses mains un gros livre relié en velours, avec des fermoirs d’argent. Des larmes brillaient dans les yeux bleus de l’enfant, comme la rosée sur les fleurs de la pervenche.

— Ma mère, dit-il, écoutez ce que je viens de lire.

Et il s’assit au bord du lit, et il lut dans le livre l’his-