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cale qui la retenait, et le bloc pesant roula avec fracas sur le versant de la montagne.

Le constructeur et ses aides poussèrent un cri terrible, et ils s’élancèrent après la pierre. Le meunier, pendant ce temps, se sauvait à toutes jambes dans une direction opposée.

Satan avait déjà ressaisi la meule, et il allait remonter pour l’ajuster au moulin, lorsque le chant du coq se fit entendre. Furieux de ne pouvoir accomplir sa promesse et de voir ainsi lui échapper sa proie, il lança la meule contre le moulin, qui fut broyé en mille morceaux. Les débris s’en répandirent de tous côtés au loin. Il n’y eut que les gros murs qui restèrent debout, et c’est cette masse de granit noire et aride que l’on appelle le Moulin du Diable.

Le meunier, après s’être ainsi tiré des griffes de Satan, retourna auprès de sa famille. À partir de ce jour, il supporta avec patience sa pauvreté. Du reste, il remarqua avec joie que son moulin marchait à présent beaucoup mieux qu’autrefois. Peu à peu il arriva à jouir d’une petite aisance qui, pour lui et sa famille, était bien préférable à toutes les richesses de l’enfer.

Par exemple, il ne se hasarda plus jamais à remonter au sommet du mont Ramberg. De nos jours encore, personne dans le pays, une fois la nuit venue, n’aime à se trouver auprès de ce lieu maudit.