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avant le chant du coq, tu seras dégagé de ta promesse. Quant à de l’argent, en voici.

Et il jeta aux pieds du meunier une bourse remplie d’or.

Le meunier tremblait comme une feuille ; mais l’or avait rendu un son si séduisant, qu’il ne put s’empêcher de ramasser la bourse.

— Signe ! lui dit le tentateur d’une voix impérieuse.

Le meunier hésita encore un instant, puis il écrivit son nom lisiblement, quoique les caractères ne fussent pas très-corrects.

Aussitôt un sifflement aigu traversa les airs ; la montagne craqua, et la nuit, animée d’une lueur sinistre, se peupla d’une multitude d’êtres fantastiques. Toute cette foule se mit à l’œuvre, détachant du rocher des blocs de granit, et les entassant les uns sur les autres ; rompant les troncs d’arbres comme si c’eût été des branches sèches, et les transformant en charpentes dans un clin d’œil. C’était un pêle-mêle, un va-et-vient dont personne ne saurait se faire d’idée.

Le meunier ne pouvait en croire ses yeux. La construction avançait rapidement, et l’anxiété à laquelle il était en proie augmentait à proportion. Voilà le toit posé, voilà les ailes attachées ! Il ne reste plus que la meule à mettre en place, et elle est déjà toute prête sur le bord du plateau.

Le meunier sentit le cœur lui manquer ; mais soudain une faible lueur apparut à l’horizon, du côté du levant, et la vue de l’aurore ranima son courage. Il se précipita sur la meule, arracha, avec la force du désespoir, la