La nuit suivante, il eut un auditoire encore plus nombreux, et, le dimanche d’après, deux gros rats se joignirent aux souris pour l’écouter.
— Vous ne savez que cette histoire ? demandèrent les rats.
— Rien que celle-là, et le soir où je l’entendis pour la première fois fut le moment le plus heureux de ma vie.
— Elle n’est pourtant pas bien intéressante ; n’en sauriez-vous pas une autre qui parlât de lard et de chandelle ou qui concernât l’office ?
— Non, répondit l’arbre.
— En ce cas merci et portez-vous bien, dirent les rats, et ils s’en retournèrent chez eux.
Peu à peu les souris disparurent aussi et l’arbre resta seul de nouveau.
— C’était pourtant bien gentil, se dit-il, lorsque les petites souris venaient s’asseoir autour de moi pour m’entendre raconter ; maintenant cela aussi est fini ! Comme je serai content, lorsqu’on me retirera d’ici !
En effet il fut retiré du grenier. Un matin les domestiques arrivèrent et le descendirent dans la cour.
— Je revis enfin, pensa l’arbre, en sentant le grand air et les rayons du soleil ; et, dans sa joie, il oubliait de se regarder lui-même.
La cour aboutissait à un jardin magnifique. Les roses et le chèvrefeuille se montraient à travers le grillage, l’air était embaumé de leurs doux parfums. Sous les til-