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Mais il fut traîné hors de la chambre, monté dans le grenier et jeté dans un coin obscur.

— Qu’est-ce que cela signifie, se demanda-t-il ; que vais-je faire ici ?

Et il s’appuya contre le mur en réfléchissant.

En vérité, il avait le temps de réfléchir ; car les jours et les nuits se passèrent sans que personne entrât dans le grenier : lorsqu’on y vint un jour, c’était pour chercher quelques vieilles caisses, le sapin restait où il était ; on l’eût dit complètement oublié.

— Maintenant nous sommes en hiver, pensa-t-il, la terre durcie est couverte de neige, il faut qu’on attende le printemps pour me planter ; c’est pour cela sans doute qu’on m’a mis à l’abri ; les hommes sont vraiment bons, et ils savent prendre leurs précautions ; seulement, c’est dommage que ce grenier soit triste et si abandonné : pas même un petit lièvre. C’était pourtant bien gentil, lorsque dans la forêt un petit animal venait jouer sous mon ombre, ou quand des oiseaux babillards venaient se dire leurs secrets sur mes branches. Il est vrai que dans ce temps-là je m’en fâchais ; ah ! que j’avais donc tort. Ici, rien de tout cela ; je m’ennuie horriblement !

Pip ! pip ! firent deux petites souris qui sortaient de leur trou, accompagnées bientôt d’une troisième. Elles flairèrent le sapin et se glissèrent dans ses branches.

— Quel terrible froid, dit l’une, n’est-ce pas, mon vieux sapin ?

— Je ne suis pas vieux du tout, répondit l’arbre, il y en a de bien plus âgés que moi.

— D’où viens-tu ? que sais-tu ? as-tu vu les plus