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— Nous le savons bien, nous le savons bien, gazouillèrent les moineaux. Nous avons été dans la ville, et nous avons regardé à travers les fenêtres. Ils sont arrivés au plus haut point du bonheur et de la magnificence ; on les a plantés au milieu d’une belle chambre bien chauffée pour les orner ensuite de pain d’épices, de bonbons, de joujoux et de cent lumières.

— Et puis… demanda le sapin en frémissant de toutes ses branches ; et puis qu’est-il arrivé  ?

— C’est tout ce que nous avons vu, mais c’était bien beau  !

— Est-ce que moi aussi je serais destiné à une carrière aussi brillante ? pensa le sapin ; cela vaudrait encore mieux que de naviguer sur la mer. Oh ! que le temps est long ! Quand serons-nous à Noël, pour que je parte avec les autres ? Je me vois déjà dans une belle chambre bien chaude, chargé d’ornements. — Et ensuite… — Oui, ensuite il viendrait probablement quelque chose de mieux encore ; sans cela pourquoi nous parer avec tant de luxe ? Comme je suis curieux de savoir ce qui m’arriverait, je souffre d’impatience ; vraiment je suis bien malheureux !

— Réjouis-toi lui disaient le ciel et les rayons du soleil : réjouis-toi de ta jeunesse qui fleurit au sein de la nature paisible.

Toujours inquiet, le sapin, croissait toujours. Son feuillage devenu plus épais et d’un beau vert attirait les yeux du passant, qui ne pouvait s’empêcher de dire : « Quel bel arbre ! »

Noël arriva et il fut choisi le premier. La hache le frappa au cœur. Après un soupir, il tomba presque éva-