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LES GALOCHES

seiller ; on ne voit plus le trottoir, et toutes les lanternes sont éteintes.

Le ciel était extrêmement couvert ; la lune ne répandait de loin en loin qu’une lumière faible et vacillante. Au coin d’une rue, le conseiller aperçut tout à coup au-dessus de sa tête une sainte Vierge éclairée par une petite lampe.[1]

— Ce doit être, se dit-il, un marchand d’antiquités, qui a oublié de rentrer son enseigne.

Au même instant, deux personnes revêtues du costume de l’époque où il se trouvait à son insu passèrent devant lui.

— Voilà des individus singulièrement accoutrés, pensa-t-il, ils reviennent probablement de quelque mascarade.

Soudain retentit une espèce de marche guerrière, et la rue fut illuminée par les flammes des torches. Le conseiller s’arrêta et vit avec étonnement défiler un cortège bizarre. Une troupe de fifres et de tambours, faisant le plus de bruit possible, ouvrait la marche ; venaient ensuite des archers et des arbalétriers, et, au milieu de cette escorte, un personnage portant un costume ecclésiastique.

— Quel est cet homme ? demanda le conseiller tout stupéfait.

— C’est l’évêque de Seeland, lui répondit-on.

— Mon Dieu, soupira-t-il, où va-t-il donc avec cet attirail extraordinaire ? — Et, tout en méditant sur cette

  1. Depuis la Réformation, le Danemark appartient à la religion protestante.