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LES CYGNES SAUVAGES.

et on ne put plus découvrir nulle part les jeunes princes. Seulement on vit onze cygnes sauvages s’éloigner à toutes ailes du palais.

Une foule innombrable de peuple sortit des portes de la ville pour assister au supplice de la reine condamnée à périr sur un bûcher. Un misérable cheval, véritable squelette ambulant, traînait la lourde charrette où elle était assise. On lui avait fait endosser un fourreau de toile grossière. Ses longs et magnifiques cheveux retombaient en un gracieux désordre sur son front empreint du calme le plus sublime et sur sa belle et angélique figure. Ses joues étaient pâles comme la mort ; ses lèvres tremblaient légèrement, et, pendant ce temps-là, ses doigts délicats, par un dernier effort du désespoir, tordaient et retordaient la filasse provenant des orties. Même en allant recevoir la mort au milieu des plus effroyables tortures, elle n’avait pas voulu abandonner l’œuvre commencée. Les dix cottes de maille étaient à ses pieds, et elle travaillait activement à la onzième.

Pendant ce temps-là le peuple la raillait