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torrents mugissants coulent avec rapidité comme s’ils craignaient de ne pas arriver assez tôt pour disparaître dans la mer.

Le soleil darde ses rayons brûlants dans les profondes vallées. Il fond les masses de neige, qui regèlent la nuit et forment des blocs de glace, des avalanches, des glaciers superposés l’un à l’autre.

Il y a deux de ces glaciers qui remplissent les vastes crevasses des rochers sous le Schreckhorn et le Wetterhorn près de la petite ville de Grindelwald. Ils sont curieusement disposés, et l’été une foule de touristes de tous les pays s’y arrêtent. Ils arrivent de la vallée ; ils montent pendant des heures et quand ils sont au sommet, ils voient la plaine comme du haut d’un ballon lancé dans les airs.

Sur les cimes les nuages s’amoncellent souvent et étendent un immense rideau de vapeurs, tandis que la vallée est éclairée des rayons du soleil qui font resplendir la verdure comme si c’était un transparent. En bas, les eaux grondent et roulent avec fracas. Sur les hauteurs, elles murmurent et bruissent doucement, et glissent le long des rochers et s’y déroulent en rubans argentés.

Des deux côtés de la route qui monte aux glaciers sont des chalets entourés chacun d’un petit champ de pommes de terre servant à nourrir les enfants qui foisonnent dans ces maisonnettes et dont les petites bouches dévorent tant et plus.

On voit ces enfants se précipiter par bandes au-devant des touristes, les entourer et leur offrir les gentils petits chalets sculptés en bois que façonnent leurs parents. Qu’il fasse beau, qu’il pleuve à torrents, cette marmaille d’enfants est