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« Mon répétiteur demeurait assez loin de la ville ; quand j’allais chez lui, mon esprit était tout à ma leçon ; au retour, une foule d’idées poétiques venaient m’assaillir ; mais je n’en mettais presque aucune, sur le papier.

« Au mois de septembre 1828, je passai l’examen pour entrer à l’université. Après l’examen, quand j’eus été reçu, les idées poétiques revinrent comme un essaim d’abeilles tourbillonner dans ma tête. J’écrivis, sous cette inspiration, une Promenade à Amack, œuvre fantastique, reflet exact de mes dispositions d’alors, lorsque tout en pleurant je me moquais des sentiments qui débordaient de mon cœur.

« Je ne trouvai pas d’éditeur pour cet essai ; je le publiai à mes frais ; en quelques jours toute l’édition fut épuisée. On s’arrachait mon petit volume ; j’étais aux anges, et, par surcroît de bonheur, on joua peu de temps après une petite comédie de ma façon. Elle ne valait rien ; mes camarades de l’université la trouvèrent excellente : ils étaient fiers de moi. Tous les salons me furent ouverts. Cela ne m’empêcha pas de travailler, et en septembre 1829 je passai, à la satisfaction de mes professeurs, mon examen de philologie et de philosophie.

« Cette même année, je publiai mon premier recueil de poésies ; il fut bien reçu du public. Je voyais devant moi une vie tout ensoleillée de succès et de bonheur. »

Telle fut la jeunesse d’Andersen ; nous avons reproduit ici l’intéressante esquisse qu’il en a tracée lui-même, parce qu’elle jette une vive clarté sur ses contes. Nous ne le suivrons pas plus loin dans sa carrière. À partir de cette époque, il n’eut plus à s’inquiéter de l’avenir. Sa vie se passa à