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III

« Mieux vaudrait pourtant lui avoir fait apprendre un métier, disait la portière en pleurant. Nous l’aurions gardé auprès de nous. Que va-t-il faire à Rome ? Je ne le reverrai jamais, ce cher enfant, même s’il revient ici ; mais il ne voudra plus quitter un pays qu’on dit si beau.

— C’est pour son bonheur, dit le père, qu’il s’en va, c’est dans l’intérêt de sa gloire.

— Merci de la consolation que tu m’offres, mon ami, dit la mère, mais tu n’es toi-même pas moins affligé que moi. »

Tous deux étaient, en effet, bien chagrins du départ de leur fils, quoiqu’on leur dît de tous les côtés combien il était heureux pour lui d’avoir conquis cette distinction. Georges fit ses adieux à ses parents ; il prit congé aussi de la famille du général. Madame ne se montra pas ; elle avait sa grande migraine. Le général profita de l’occasion pour raconter son unique anecdote, ce qu’il avait dit au prince et comment le prince lui avait répondu : « Vous êtes incomparable. » Sur ce, il tendit à Georges sa main molle et inerte.

Émilie aussi tendit sa petite main à Georges ; elle avait