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Reine des Neiges. Il est temps d’aller surveiller les grands chaudrons. (Elle entendait par ces mots les volcans l’Etna et le Vésuve.) La neige de leurs cimes est peut-être fondue. »

Elle s’élança dans les airs. Kay resta seul dans la vaste salle de plusieurs milles carrés. Il était penché sur ses morceaux de glace, imaginant, combinant, ruminant comment il pourrait les agencer pour atteindre son but. Il était là, immobile, inerte ; on l’aurait cru gelé.

En ce moment, la petite Gerda entrait par la grande porte du palais. Des vents terribles en défendaient l’accès. Gerda récita sa prière du soir, et les vents se calmèrent et s’assoupirent. L’enfant pénétra dans la grande salle ; elle aperçut Kay, le reconnut, vola vers lui en lui sautant au cou, le tint embrassé en s’écriant : « Kay ! cher petit Kay, enfin je t’ai retrouvé ! »

Lui ne bougea pas, ne dit rien. Il restait là, roide comme un piquet, les yeux fichés sur ses morceaux de glace. Alors la petite Gerda pleura de chaudes larmes ; elles tombèrent sur la poitrine de Kay, pénétrèrent jusqu’à son cœur et en fondirent la glace, de sorte que le vilain éclat de verre fut emporté avec la glace dissoute.

Il leva la tête et la regarda. Gerda chanta, comme autrefois dans leur jardinet, le refrain du cantique :

Les roses fleurissent et se fanent. Mais bientôt
Nous reverrons la Noël et l’Enfant Jésus.

Kay, à ce refrain, éclata en sanglots ; les larmes jaillirent de ses yeux et le débris de verre en sortit, de sorte qu’il reconnut Gerda et, transporté de joie, il s’écria : « Chère