Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fois qu’il en manquait une sorte ; laquelle ? elle ne savait.

Voilà qu’un jour elle regarda le grand chapeau de la vieille, avec la guirlande de fleurs. Parmi elles, la plus belle était une rose. La vieille avait oublié de l’enlever. On pense rarement à tout.

« Quoi ! s’écrie aussitôt Gerda, n’y aurait-il pas de roses ici ? Cherchons. »

Elle se mit à parcourir tous les parterres ; elle eut beau fureter partout, elle ne trouva rien. Elle se jeta par terre en pleurant à chaudes larmes. Ces larmes tombèrent justement à l’endroit où se trouvait un des rosiers que la vieille avait fait rentrer sous terre. Lorsque la terre eut été arrosée de ces larmes, l’arbuste en surgit tout à coup, aussi magnifiquement fleuri qu’au moment où il avait disparu.

À cette vue, Gerda ne se contint pas de joie. Elle baisait chacune des roses l’une après l’autre. Puis elle pensa à celles qu’elle avait laissées devant la fenêtre de la mansarde, et alors elle se souvint du petit Kay.

« Dieu ! dit-elle, que de temps on m’a fait perdre ici ! Moi, qui étais partie pour chercher Kay, mon compagnon ! Ne savez-vous pas où il pourrait être ? demanda-t-elle aux roses. Croyez-vous qu’il soit mort ?

— Non, il ne l’est pas, répondirent-elles. Nous venons de demeurer sous terre ; là sont tous les morts, et lui ne s’y trouvait pas.

— Merci ! grand merci ! » dit Gerda. Elle courut vers les autres fleurs ; s’arrêtant auprès de chacune, prenant dans ses mains mignonnes leur calice, elle leur demanda : « Ne savez-vous pas ce qu’est devenu le petit Kay ? »

Les fleurs lui répondirent. Gerda entendit les histoires