Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On y voyait assis un personnage couvert d’une épaisse fourrure blanche, coiffé de même. Le traîneau fit deux fois le tour de la place. Kay y attacha le sien et se fit promener ainsi.

Le grand traîneau alla plus vite, encore plus vite ; il quitta la place et fila par la grand’rue. Le personnage qui le conduisait se retourna et fit à Kay un signe de tête amical, comme s’ils étaient des connaissances. Chaque fois que Kay voulait détacher son traineau, le personnage le regardait, en lui adressant un de ses signes de tête, et Kay subjugué restait tranquille.

Les voilà qui sortent des portes de la ville. La neige commençait à tomber à force. Le pauvre petit garçon ne voyait plus à deux pas devant lui ; et toujours on courait avec plus de rapidité.

La peur le prit. Il dénoua enfin la corde qui liait son traîneau à l’autre. Mais il n’y eut rien de changé : son petit véhicule était comme rivé au grand traîneau qui allait comme le vent. Kay se mit à crier au secours ; personne ne l’entendit ; la neige tombait de plus en plus épaisse, le traîneau volait dans une course vertigineuse ; parfois il y avait un cahot comme si l’on sautait par-dessus un fossé ou par-dessus une haie ; mais on n’avait pas le temps de les voir. Kay était dans l’épouvante. Il voulut prier, dire son Pater ; il n’en put retrouver les paroles ; au lieu de réciter le Pater, il récitait la table de multiplication, et le malheureux enfant se désolait. Les flocons tombaient de plus en plus durs ; ils devenaient de plus en plus gros ; à la fin on eût dit des poules blanches aux plumes hérissées. Tout d’un coup le traîneau tourna de côté et s’arrêta. La personne qui le conduisait se