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bâtirent leurs nids, les fenêtres s’ouvrirent, et les deux enfants se retrouvèrent assis à côté l’un de l’autre dans leur petit jardin là-haut sur le toit.

Comme les roses fleurirent superbement cet été ! et que le jardin se para à plaisir ! La petite fille avait appris par cœur un cantique où il était question de roses ; quand elle le disait, elle pensait à celles de son jardin. Elle le chanta devant le petit garçon, elle le lui apprit, et tous deux unirent bientôt leurs voix pour chanter :

Les roses passent et se fanent. Mais bientôt
Nous reverrons la Noël et l’enfant Jésus.

Les deux petits embrassaient les fleurs comme pour leur dire adieu. Ils regardaient la clarté du soleil, et souhaitaient presque qu’il hâtât sa course pour revoir plus vite l’enfant Jésus. Pourtant, quelles belles journées se succédaient pour eux, pendant qu’ils jouaient à l’ombre des rosiers couverts de fleurs !

Un jour Kay et Gerda se trouvaient là, occupés à regarder, dans un livre d’images, des animaux, des oiseaux, des papillons. L’horloge sonna justement cinq heures à la grande église. Voilà que Kay s’écrie : « Aïe, il m’est entré quelque chose dans l’œil. Aïe, aïe, quelque chose m’a piqué au cœur. »

La petite fille lui prit le visage entre les mains, et lui regarda dans les yeux qui clignotaient ; non, elle n’y vit absolument rien.

« Je crois que c’est parti, » dit-il. Mais ce n’était pas parti. C’était un des morceaux de ce terrible miroir dont nous avons parlé, de ce miroir, vous vous en souvenez bien, qui fait paraître petit et laid ce qui est grand et beau, qui