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Le petit garçon chercha, chercha encore. Il n’en put découvrir aucune trace : elle avait disparu.

« Je sais bien où elle est, dit la toupie en soupirant ; elle est dans le nid de l’hirondelle, et elles se sont mariées. »

Et plus elle y pensait, plus elle éprouvait de regrets. Jamais elle n’avait eu pour la balle autant d’amour que depuis qu’elle ne pouvait la revoir. Qu’elle fût devenue l’épouse d’une autre, voilà ce qui causait son plus grand chagrin.

La toupie continua cependant à danser et à faire ron-ron. Mais elle songeait toujours à la balle, qui, dans son imagination, paraissait de plus en plus ravissante. Et cela devint ce qu’on appelle une ancienne passion.

La toupie n’était plus jeune. Un beau jour on la dora sur toutes les coutures pour quelque nouveau bambin. Jamais elle n’avait été aussi brillante. C’était un plaisir de la voir tourner et circuler et reluire comme un soleil. Quel joyeux ron-ron elle faisait entendre ! Ah ! si la balle avait pu la voir maintenant !

Tout à coup elle rencontra une pierre et bondit au loin. Ni vu, ni connu ; elle était évanouie, éclipsée. On la chercha partout, même dans la cave où elle aurait pu glisser par le soupirail. On ne trouva rien.

Où était-elle ? Dans la caisse aux ordures, parmi la poussière, les épluchures, les trognons de choux, et autres résidus malpropres.

« Me voilà bien ! dit-elle, et que va devenir ma belle dorure ? hélas ! voyons, qu’est-ce que toute cette racaille qui m’environne ? »

Elle regarda autour d’elle et aperçut un mauvais trognon de salade et une petite chose ronde qu’on aurait pu prendre