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— Alors, il me la faut aussi ! » s’écria Christine. Ib la lui donne généreusement.

Restait la troisième ; elle était toute noire : « Celle-là, dit la petite Christine, tu dois la garder ; elle est bien belle aussi.

— Mais qu’est-ce qu’il y a dedans ? demanda Ib à la bohémienne.

— Ce qu’il y a de mieux dans les trois, » répond celle-ci.

Il serre précieusement sa noisette. La femme leur promet de les ramener dans le bon chemin qui les conduirait à leur maison. Ils la suivent, mais dans une toute autre direction que celle qu’ils auraient dû prendre. Il ne faut pas supposer, cependant, que la bohémienne voulut voler les enfants à leurs parents. Elle se trompait peut-être elle-même.

Au milieu du sentier survient le garde de la forêt. Il reconnaît Ib et le ramène avec la petite chez Jeppe Jaens. Là on était dans les angoisses à cause d’eux. On leur pardonna, néanmoins, après leur avoir bien expliqué combien sévèrement ils méritaient d’être punis, d’abord pour avoir laissé tomber à l’eau le cochon de lait, ensuite et surtout pour s’être enfuis dans le bois.

On reconduisit Christine chez son père. Ib resta dans la maisonnette sur la lisière de la forêt. La première chose qu’il fit le soir quand il fut seul fut de tirer de sa poche la noisette qui renfermait une chose de plus de valeur qu’un carrosse doré ! Il la place avec précaution entre la porte entr’ouverte et le gond, et pousse la porte. La coquille se casse. Il n’y avait plus d’amande ; un ver l’avait mangée. On y voyait quelque chose qui ressemblait à du tabac à priser ou à un peu de terre noirâtre.