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d’eux ils voient un noisetier tout chargé de noisettes. Ils s’empressent d’en cueillir et de se régaler des amandes encore toutes jeunes et délicates.

Tout à coup ils s’arrêtent saisis de frayeur. Debout, près d’eux, comme si elle était sortie de dessous terre, se tient une grande vieille femme au visage brun foncé, les cheveux luisants, le blanc des yeux brillant comme l’ont les négresses. Elle a sur le dos un sac, à la main un bâton noueux. C’est une bohémienne. Elle leur parle, mais ils ont de la peine à se remettre et ne comprennent pas d’abord ce qu’elle leur dit. Elle leur montre trois grosses noisettes qu’elle a dans la main. Elle leur répète que ce sont des noisettes magiques qui contiennent les plus magnifiques choses du monde.

Ib ose enfin la regarder en face. Elle parlait avec tant de douceur qu’il reprend courage et demande si elle veut lui donner ces noisettes. Elle lui en fait cadeau et se met à en cueillir d’autres sur le noisetier. Ib et Christine regardaient les trois noisettes avec de grands yeux.

« Dans celle-là, dit Ib, y aurait-il bien une voiture à deux chevaux ?

— Il s’y trouve un carrosse doré tiré par deux chevaux d’or, répondit la bohémienne.

— Alors, donne-la-moi, » dit Christine. Et Ib la lui donne. La femme la lui serre dans un nœud de son fichu.

— Et dans celle-ci, reprend Ib, y aurait-il un aussi joli fichu que celui que Christine a autour du cou ?

— Il y en a dix plus beaux, reprend la grande femme, et de plus une quantité de belles robes, de souliers brodés, un chapeau garni d’un voile de dentelle…