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les morses avec leurs têtes de porc et leurs dents longues d’une aune.

— Tu racontes bien, mon garçon, dit la mère, l’eau me vient à la bouche en t’écoutant.

— On commença la pêche. Les harpons furent jetés dans les flancs d’un morse, et un jet de sang fumant s’éleva sur la glace. Alors je pensai à mon rôle ; je me mis à souffler et j’ordonnai à mes troupes, les hautes montagnes de glace, de marcher contre les bateaux pêcheurs. Quel tumulte alors ! comme on criait, comme on sifflait ! mais je sifflais plus fort qu’eux. Ils furent obligés de débarquer sur la glace les morses tués, les caisses et tous les agrès. Ensuite je secouai sur eux les flocons de neige, et je les fis cingler vers le Sud. Ils ne retourneront jamais au pays des ours.

— Que de mal tu as fait ! dit la mère des Vents.

— Les autres raconteront ce que j’ai fait de bien. Voici mon frère de l’Ouest qui arrive ; il est le meilleur de tous, il sent la mer et apporte toujours une fraîcheur délicieuse.

— Est-ce le petit Zéphyr ? demanda le prince.

— Oui, c’est Zéphyr, mais il n’est pas si petit. Autrefois c’était un joli garçon ; aujourd’hui il est bien changé. »

Zéphyr ressemblait à un sauvage ; il portait un bourrelet pour se garantir la tête, et tenait à la