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tout, et les femmes de chambre avaient profité de l’occasion pour donner un thé. Partout, dans les corridors et dans les salles, on avait placé des tapis pour amortir le bruit des pas ; tout le château était triste et silencieux ! Mais l’empereur n’était pas mort. Seulement, il était toujours étendu pâle et froid dans son grand lit garni de rideaux de velours avec des embrasses d’or ; à travers une fenêtre, la lune projetait la lumière sur lui et sur l’oiseau protégé.

Le pauvre empereur pouvait à peine respirer ; il était aussi oppressé que si quelqu’un lui eût marché sur la poitrine ; il ouvrit les yeux, et vit que c’était la Mort qui s’était mis sur la tête sa couronne d’or, et qui tenait d’une main son sabre et de l’autre son riche drapeau. Tout autour, dans les plis des grands rideaux de velours, il aperçut des têtes bizarres, dont quelques-unes semblaient affreuses et les autres douces et souriantes. C’étaient les bonnes et les mauvaises actions de l’empereur qui se présentaient pour assister à sa dernière heure.

« Te souviens-tu de ceci ? lui dirent-elles tout bas l’une après l’autre. Te souviens-tu de cela ? »

Et elles lui racontèrent bien des choses qui lui firent couler la sueur du front.

« Je n’ai jamais rien su de pareil ! dit l’empe-