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cès que le véritable, et il plaisait bien davantage aux yeux ; car il brillait autant que les bracelets et les broches des dames de la cour.

Il chanta ainsi trente-trois fois le même morceau et sans la moindre fatigue. Ses auditeurs auraient bien voulu le faire recommencer encore, mais l’empereur pensa que c’était légitimement le tour du rossignol vivant… Mais où était-il ? Personne n’avait remarqué qu’il s’était envolé par la fenêtre pour regagner sa verte forêt.

« Qu’est-ce donc ? » dit l’empereur ; et tous les courtisans murmuraient d’indignation et accusaient le rossignol d’ingratitude. « Heureusement nous avons ici le meilleur des deux, » dirent-ils ; et ils se consolèrent en faisant chanter à l’oiseau artificiel le même morceau pour la trente-quatrième fois.

Ces messieurs n’étaient pourtant pas encore parvenus à le savoir par cœur, parce qu’il était très-difficile.

Et le chef d’orchestre manqua d’expressions pour vanter l’oiseau ; il surpassait de beaucoup, assurait-il, le rossignol véritable, non-seulement par sa robe et ses pierreries, mais aussi par son organisation intérieure.

« Car, voyez-vous, messeigneurs, et vous, grand empereur, avant tous, chez le véritable rossignol on ne peut jamais calculer sûrement les notes qui