Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roulades quand on leur parlait. Les laquais et les valets de chambre manifestèrent aussi la plus vive satisfaction ; ce qui n’est pas peu dire, car ce sont ces gens-là qui sont les plus difficiles à satisfaire.

Bref, le rossignol eut le plus grand succès.

À partir de ce jour, il lui fallut vivre à la cour. On lui donna une cage avec la permission de se promener deux fois par jour et une fois la nuit. Il était alors suivi de douze domestiques, dont chacun lui avait attaché au pied un ruban de soie qu’il avait grand soin de pas lâcher. Une telle promenade ne devait sans doute pas être des plus agréables.

Toute la ville parla dès lors de l’oiseau prodigieux ; on ne s’entretint plus que de lui. Quand deux personnes s’abordaient, l’une disait aussitôt : « Le ros.... » et avant qu’elle eût fini, l’autre avait déjà prononcé : « signol ! » et on s’était compris.

La faveur dont l’oiseau jouissait dans le public était si grande, que onze enfants de charcutiers furent appelés Rossignols, quoique leur gorge ne possédât pas une seule note harmonieuse.

Un jour l’empereur reçut un gros paquet sur lequel il y avait : « Le Rossignol. »

« Voilà sans doute un nouveau livre sur notre célèbre oiseau, » dit-il.