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Au milieu de la grande salle où l’empereur était aussi, on avait placé une baguette dorée pour le rossignol. Toute la cour était présente, et la petite cuisinière avait reçu la permission de regarder à travers la fente de la porte, car on lui avait conféré le titre officiel de cuisinière impériale.

On était en grande toilette et en grande tenue, et tous les yeux étaient fixés sur le petit oiseau gris auquel s’adressaient tous les mouvements de la tête de l’empereur.

Et le rossignol chantait d’une manière si admirable que les larmes en vinrent aux yeux de l’empereur. Oui, les larmes coulaient sur les joues de l’empereur, et le rossignol chantait de mieux en mieux. Sa voix allait jusqu’au fond du cœur. Et l’empereur était si content qu’il voulut que le rossignol portât sa pantoufle d’or autour du cou ; mais le rossignol refusa : sa récompense était assez grande déjà.

« J’ai vu des larmes dans les yeux de l’empereur, dit-il, c’est pour moi le plus riche trésor. Les larmes d’un empereur ont une valeur particulière. Dieu le sait, je suis suffisamment récompensé. »

Et là-dessus il recommença ses chants si doux.

« Quelle coquetterie charmante ! » dit chacune des dames ; et pour ressembler au rossignol, elles se mirent de l’eau dans la bouche pour faire des