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parfumés dans des salons magnifiques. Cependant aucun sourire ne parut sur ses lèvres ou dans ses yeux ; la douleur seule s’y montrait comme son éternel partage.

Enfin le roi ouvrit la porte d’une petite chambre où Élisa devait dormir ; cette pièce était ornée de précieux tapis verts qui rappelaient exactement la caverne d’où elle sortait. Sur le sol se trouvait le paquet de filasse provenant des orties, et au plafond était suspendue la tunique qu’elle avait tissée. Un des chasseurs avait emporté tout cela comme des curiosités.

« Tu pourras rêver ici à ton ancienne demeure, dit le roi ; voici le travail qui t’a occupée ; au milieu de la splendeur qui t’entourera, tu seras contente de penser quelquefois au temps passé. »

En voyant les objets qu’elle avait tant à cœur de garder, Élisa sourit, et le sang reparut sur ses joues. Elle pensa au salut de ses frères, et baisa la main du roi, qui la pressa sur son cœur et fit annoncer leur mariage au son de toutes les cloches. La belle fille muette de la forêt était devenue la reine du pays. Il est vrai que quelques méchants propos arrivèrent jusqu’à l’oreille du roi, mais il ne les prit pas à cœur, et le mariage fut célébré. L’auteur de ces propos lui-même fut obligé de placer la couronne sur la tête d’Élisa, et il eut la méchanceté de la serrer outre mesure