Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous faut, pour faire notre traversée, les deux plus longs jours de l’année. Il ne nous est permis de visiter notre pays natal qu’une fois par an ; pendant onze jours nous pouvons rester ici, et alors nous nous élevons au-dessus de la grande forêt, d’où nous apercevons le château qui nous a vus naître, et où réside notre père, la haute tour de l’église où notre mère a été enterrée. Les arbres et les buissons semblent être nos parents ; les chevaux sauvages courent dans les prairies, comme du temps de notre enfance ; les charbonniers y entonnent encore les vieilles chansons que nous écoutions avec tant de plaisir ; enfin, c’est ici notre patrie, vers laquelle nous tendons toujours, et où nous venons de te retrouver, bonne petite sœur. Nous avons encore deux jours à rester ; puis il faudra partir pour un pays magnifique, mais qui n’est pas notre patrie. Comment t’emmener par delà la mer ? Nous n’avons ni vaisseau ni barque.

– Que pourrais-je faire pour vous sauver ? » dit la sœur. Et ils s’entretinrent presque toute la nuit sur les moyens d’accomplir leur délivrance, ne donnant que quelques heures au sommeil.

Élisa fut réveillée par le bruit des ailes des cygnes qui s’envolaient au-dessus d’elle. Ses frères, transformés de nouveau, s’éloignaient en tra-