Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était levé depuis longtemps ; elle ne put néanmoins le voir, à cause des grands arbres qui étendaient leurs branches sur sa tête. Mais ses rayons les perçaient, semblables à une gaze d’or soulevée par le vent. La verdure répandit un parfum délicieux, et les oiseaux venaient se poser sur les épaules de la jeune fille.

Elle entendait murmurer l’eau qui coulait de plusieurs grandes sources et se rendait dans un lac dont le fond était du sable le plus fin. Bien qu’entouré d’épaisses broussailles, ce lac était accessible par un endroit où les cerfs avaient pratiqué une large ouverture. C’est par cette ouverture qu’Élisa arriva au bord de cette eau, tellement limpide que, si le vent n’avait pas agité les branches et les buissons, elle les aurait crus peints au fond.

Dès qu’elle aperçut sa propre figure si noire et si laide, elle recula d’horreur ; mais lorsqu’elle eut mouillé sa petite main et frotté ses yeux et son front, la blancheur de sa peau reparut aussitôt. Puis, quittant ses vêtements, elle se baigna dans l’eau fraîche. Jamais fille de roi n’avait été plus belle qu’elle.

S’étant rhabillée et ayant formé une tresse de ses longs cheveux, Élisa se rendit près d’une source jaillissante, but dans le creux de sa main, et s’enfonça dans la forêt, sans savoir où elle allait.