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fants comme à l’ordinaire, des gâteaux et des pommes rôties, elle leur fit servir du sable dans une tasse de thé, en disant qu’ils pouvaient faire comme si c’était quelque chose de bon.

La semaine suivante, elle envoya la petite Élisa à la campagne, chez des paysans ; et, quelque temps après, elle dit tant de vilaines choses au roi sur le compte des pauvres princes, qu’il ne s’inquiétait plus d’eux.

« Envolez-vous par le monde, et tirez-vous d’affaires vous-mêmes, dit la méchante reine. Envolez-vous comme de grands oiseaux sans voix. »

Mais elle ne put leur faire autant de mal qu’elle aurait voulu, car ils se changèrent en onze magnifiques cygnes sauvages. Ils poussèrent un cri bizarre et s’élevèrent au-dessus du parc et de la forêt.

Le lendemain matin, ils passèrent devant la maison où leur sœur Élisa était couchée et dormait dans la chambre du paysan. Ils planèrent sur le toit, tendirent leur long cou et battirent des ailes. Mais personne ne les entendit ni ne les aperçut. Puis ils regagnèrent les nuages, s’envolèrent par le monde, et ne s’arrêtèrent que dans une grande forêt sombre qui s’étendait jusqu’au bord de la mer.

La pauvre petite Élisa jouait dans la chambre du paysan avec une feuille verte, car elle n’avait